Les sites internet consacrés à la « Street Photography » ne manquent pas !! Eric Kim est l’un des plus actifs dans ce domaine.

Cette discipline a connu son essor lorsque la technologie a permis dans les années 70 de miniaturiser les appareils photo argentiques.

Qui ne connaît pas la célèbre marque Leica ?

Gary Winogrand fût l’un des photographes les plus représentatifs de cette manière de prendre les photos de rue.

Récemment mis à l’honneur à Paris au Musée du jeu de Paume, le Musée de la photographie de Charleroi a eu cette unique chance d’obtenir une collection de photos extraordinaires.

J’ai pu m’y rendre et prendre du temps pour m’imprégner de l’univers magique de ce photographe. La scénographie est exceptionnelle.

J’ai même eu la chance de m’entretenir avec le directeur du Musée de la photographie, Monsieur Xavier Canone.

BREF !! VOUS DEVEZ ABSOLUMENT ALLEZ VOIR CETTE EXPOSITION !!!
C’est jusqu’au 17 mai 2015 au Musée de la photographie de Charleroi

Mais qui est Gary Winogrand ?

Rien de tel que ses propos lus à son exposition au Musée de la Photo de Charleroi pour se faire une idée de son personnage.

Je photographie tout le temps ce qui m’intéresse.Je vis avec des images pour voir à quoi cela ressemble une fois photographié. La photographie doit être plus intéressante ou plus belle que ce qui est photographié

Chaque fois que j’ai vu une femme attirante, j’ai fait de mon mieux pour la photographier. je ne sais pas si toutes les femmes que j’ai photographiées sont belles mais je sais que, dans mes photographies, les femmes sont belles

Et pour ceux qui ont le courage d’aller plus loin…

Et voici comment il est présenté sur le site du Musée de la Photo de Charleroi :

Garry Winogrand déambule dans les rues de New York aux aguets et n’a de cesse de déclencher furtivement afin de capturer l’essence de la rue. Influencé par Walker Evans et Robert Frank, Garry Winogrand les rejoint dans la double approche photographique : documentaire et esthétique. Il partage ainsi leur double conception du photographe comme producteur de documents, témoins d’une époque inscrite dans une temporalité, et celle d’un créateur d’un objet atemporel apprécié pour ses qualités esthétiques intrinsèques.
Dans le domaine de la photographie, l’ouvrage «Women are beautiful» est sans précédent. Bien sûr, la femme inspire les artistes depuis toujours mais on dépasse ici la simple inspiration pour s’immiscer dans un travail construit avec comme personnage central la femme dans sa beauté quotidienne. Il n’y a ici ni idéalisation, ni matérialisation avec Winogrand. La femme s’affiche au naturel et sans fard.
On pourrait, à première vue, être interpellé par l’aspect documentaire de ces images, la tentation est même grande de crier à la banalité. Or, il n’en est jamais question : en parcourant l’ensemble des photographies, on sent la passion d’un homme pour son sujet. Dans chacune d’elles, la sensualité du corps féminin s’expose discrètement : des courbes que des vêtements ont peine à cacher, un visage angélique encadré par de longs cheveux ondulés, des seins sous un simple débardeur, un décolleté, un corps nu dans un lac, un sourire, un regard… Garry Winogrand nous propose de regarder chacune de ces femmes avec ce regard neuf que le médium photographique apporte de façon intrinsèque.
Comme dans les autres sujets qu’il traite, il élabore une radioscopie complète de la femme : bourgeoise, hippie, américaine, étrangère, activiste, sportive qu’il photographie en rue, à la plage, en soirée, dans les bars. «Women are beautiful» est un prisme au travers duquel la femme apparaît multiple, riche et belle dans sa pure expression quotidienne, et non fantasmée par le nu ou le studio. La banalité du quotidien doit amplifier la beauté que chacune met en avant. Il affirme l’éclat de la femme mais reste un homme de son époque et n’oublie pas l’importance documentaire de son propos. Il témoigne ainsi de l’investissement des femmes dans les diverses manifestations de contestation qui émaillent la fin des années 60.
«Women are beautiful» est l’un des quatre seuls ouvrages publiés du vivant du photographe américain. Il constitue également un véritable document historique. Dans cette perspective, la présentation des images de Garry Winogrand au Musée de la Photographie à Charleroi est une chance unique de pouvoir appréhender le travail d’un des plus grands photographes américains à travers son exposition mythique mais aussi d’approcher des documents révélateurs d’une période capitale pour la femme et la société américaine.

Garry Winogrand (1928-1984) est né dans une famille ouvrière juive du Bronx à New York. En 1948, il commence des études de peinture et de photographie à la Colombia University, suivies d’un cursus en photojournalisme en 1951 à la New School for Social Research où il aura comme professeur Alexey Brodovitch. Il prend rapidement connaissance du travail de Walker Evans et s’en inspire quand il commence à photographier peu après d’abord de manière commerciale puis pour ses projets personnels. En 1955, deux de ses photographies apparaissent dans le grand projet de Steichen The Family of Man présenté au MoMA où il y exposera de nouveau en 1963 et en 1967 avec notamment Lee Friedlander, Diane Arbus et Duane Michals. Cette dernière exposition fait suite à l’obtention d’une bourse par la Guggenheim Fellowship qui lui permettra de parcourir les Etats-Unis. Durant les années 1970, il enseignera la photographie à la Illinois Institute of Technology et à la University of Austin. Il ne publiera que quatre ouvrages de son vivant : Animals (1969), Women are Beautiful (1975), Public Relations (1977) et Stock Photographs: The Fort Worth Fat Stock Show and Rodeo (1980). Il meurt prématurément en 1984 d’un cancer.

Et voici comment il est présenté sur le site du musée du jeu de Paume :

Grand photographe américain Garry Winogrand (1928-1984). Chroniqueur célèbre de l’Amérique de l’après-guerre, Winogrand est encore mal connu, tant il a laissé de travail à accomplir — au moment de sa mort prématurée — dans l’archivage, le développement et le tirage de ses photographies. Il est cependant sans conteste l’un des maîtres de la photographie de rue américaine, au même titre qu’Evans, Frank, Friedlander ou Klein.

Célèbre pour ses photographies de New York et de la vie aux États-Unis depuis les années 1950 jusqu’au début de la décennie 1980, Winogrand cherche à savoir « à quoi ressemblent les choses quand elles sont photographiées ». Organisée conjointement par le SFMOMA et la National Gallery of Art de Washington, l’exposition « Garry Winogrand » réunit les images les plus emblématiques de l’artiste et des tirages inédits puisés dans les archives, en grande partie inexplorées, de la fin de sa vie. Elle offre une vue d’ensemble rigoureuse de son parcours et, pour la première fois, embrasse la totalité de sa carrière.

Les photographies de l’exposition et celles du catalogue composent un portrait vivant de l’artiste, chroniqueur de l’Amérique de l’après-guerre à l’égal d’un Norman Mailer ou d’un Robert Rauschenberg qui, durant les décennies postérieures à la Seconde Guerre mondiale, témoignèrent inlassablement d’une Amérique ballottée entre optimisme et bouleversements.

Winogrand a beau être considéré, par beaucoup, comme l’un des plus grands photographes du XXe siècle, l’examen de son corpus pictural et de son influence sur la discipline demeurent incomplets. Extrêmement prolifique, il a pourtant souvent différé la sélection et le tirage de ses images. À sa mort, survenue brutalement à l’âge de 56 ans, il a ainsi laissé derrière lui environ 6 500 bobines (soit quelque 250 000 images) qu’il n’a jamais vues ainsi que des planches-contacts des années antérieures, qui avaient été marquées mais jamais tirées. De sorte que près de la moitié des photographies de cette exposition n’ont jamais été montrées ni publiées à ce jour et que plus de cent n’avaient encore jamais été tirées.

« Il n’existe en photographie aucun ensemble, de taille ou de qualité comparables, qui soit à ce point resté à l’état de friche », déclare Leo Rubinfien qui, dans les années 1970, fut l’un des plus jeunes dans le cercle d’amis de l’artiste. « Cette exposition est un premier pas vers une analyse d’ensemble du travail inachevé de Winogrand. Elle est aussi l’occasion de s’éloigner d’une présentation thématique au profit d’une approche plus libre, fidèle à l’esprit qui était au cœur de sa démarche, ce qui permet de renouveler le regard porté sur son œuvre, même de la part de ceux qui pensent le connaître. »

L’exposition est divisée en trois parties, chacune couvrant une grande variété de sujets chers à l’artiste. « Descendu du Bronx » présente des photographies prises en majorité à New York, depuis ses débuts en 1950 jusqu’en 1971 ; « C’est l’Amérique que j’étudie » rassemble des travaux réalisés à la même époque mais lors de voyages hors de New York ; et « Splendeur et déclin » porte sur la période de maturité depuis son départ de New York en 1971 jusqu’à sa mort en 1984 avec des images du Texas et de Californie du Sud, ainsi que de Chicago, de Washington, de Miami et d’ailleurs. Cette troisième section comporte également un petit nombre d’images prises lors de ses retours à Manhattan, dans lesquelles s’exprime une tristesse absente, jusque-là, de son travail.

Winogrand était connu pour être un grand bavard, doté d’une personnalité exubérante et impétueuse, et les commentaires dont il émaillait ses projections et ses conférences étaient souvent pleins de verve et de drôlerie. Des extraits d’une vidéo réalisée en 1977 permettront aux visiteurs de se faire une idée du Winogrand vivant.